C'est quasiment le même scénario qui se répète
chaque fois qu'il y a mort d'homme par les policiers. Je n'ai
pas besoin de vous rappeler les cas de Freddy Villanueva,
de Mohamed Anas ou de Jean-Claude Lemay et de bien d'autres
victimes qui ont succombé sous les balles des agents
de la SPVM. On constate cependant la répétition
d'erreurs et d'agissements mal menés par les policiers
de la ville de Montréal.
Il faut d'abord dénoncer l'incapacité de certains
policiers, pour ne pas dire tous, d'agir convenablement dans
de telles circonstances. La panique contagieuse qui les aveugle
justement devant des situations de crises semblables à
celle qui a coûté la vie de ces deux citoyens
montréalais. Les même panique et manque de sang
froid avaient coûté les vies de plusieurs autres
victimes sur l'île de Montréal.
Nous nous interrogeons sérieusement sur les processus
de sélection et de recrutement des agents de la SPVM.
Quels sont les vrais critères à suivre pour
une telle sélection ? Est-ce que quelques cours de
techniques policières sont suffisants pour envoyer
une personne armée sur des lieux d'interventions ?
Sachant que le corps policier possède des mécanismes
un peu différents de ceux des militaires, qui eux sont
entraînés à tirer automatiquement sur
l'ennemi ou des cibles menaçantes, dans le sens du
jargon de la guerre. Avec l'autorité policière,
nous sommes plutôt dans un rapport d'ordre et de société.
Un rapport différent et distancié de la règle
militaire. Mme Daphné Cameron avait rapporté
dans l'article de la Presse du 09 juin Les policiers auraient-ils
pu agir autrement ? le témoignage d'un commandant à
la retraite qui confirme l'enseignement militaire et je cite
son témoignage : " Quand tu sors ton arme, c'est
pour protéger ta vie. Tu tires pour tuer, pas pour
blesser " C'est tout à fait juste quand il s'agit
d'un champ de guerre, mais heureusement, nous ne sommes pas
encore rendus là !
La mission d'un militaire est d'éliminer l'ennemi,
de le détruire, de le déstabiliser avec force.
Mais là nous sommes devant Mario Hamel, un citoyen
québécois avec tous les droits qui le protègent,
un itinérant en quête de richesses dans nos ordures,
un être en détresse qui avait besoin d'aide,
un abandonné de la société. Mario n'a
jamais été un danger public. Tous ceux qui le
connaissaient vous diront le contraire.
Alors, quel crime a-t-il commis pour mériter la peine
de mort ?
En réalité, la vraie réponse, nous n'allons
jamais la connaître aussi longtemps que les policiers
enquêteront sur d'autre policiers. Comment nous assurer
de leur impartialité dans ces dites enquêtes
? Voire encore quand il s'agit d'une deuxième ou troisième
catégories de citoyens, selon l'écrit de certains
journalistes.
Je riais quand je lisais la chronique de Patrick Lagacé,
intitulée : Putain de couteau
Je cite les paroles des policiers rapportées par le
chroniqueur :
-Mario, crisse. Lâche ton couteau !
Puis le chroniqueur ajoute : 99 fois sur 100, le type finit
par lâcher son arme, se coucher, se laisser menotter
(Patrick a oublié d'ajouter se laisser enculer)
Mario n'appartenait pas à cette catégorie. Mario
souffrait définitivement de troubles mentaux, il n'était
pas là mentalement pour obéir aux ordres, sinon
il l'aurait fait volontairement, comme le chroniqueur l'a
bien indiqué. Mario avait besoin d'une intervention
spécialisée, entraînée à
venir en aide à ces patients en perte de contrôle.
Une chose est certaine, tôt ce matin du mardi 08 juin
2011, Mario n'avait nullement l'intention de menacer ou de
tuer qui que ce soit.
Voilà pourquoi la mort de M. Mario Hamel, cet itinérant
abattu par la force policière, vient tous nous indigner.
D'ailleurs, personne n'est convaincu que ce type méritait
cette fin tragique.
Il avait plutôt besoin d'un coup de main, de solidarité
sociale.
Quatre policiers de la SPVM avaient toute la difficulté
du monde à maîtriser un homme aussi fragile que
Mario Hamel. Trop difficile de maîtriser un itinérant
qui pesait une cinquantaine de kilos. Trop difficile de maîtriser
un type qui a de la difficulté èa se tenir sur
ses deux jambes. Trop difficile de courir derrière
un sans-abri et de l'arrêter. Alors on fait quoi dans
une telle situation ? On le crible de balles dans toutes les
directions. Voilà un travail propre et professionnel.
Vous savez que la fonction de policier nécessite un
minimum de courage et de sang-froid. Vous n'allez pas demander
à quelqu'un qui panique à la vue d'une goutte
de sang de devenir chirurgien. Faire face à des comportements
un peu agités ou difficiles à contrôler
nécessitent un peu de retenue, et pourquoi pas, un
peu de souplesse et de sagesse de la part des intervenants.
Tirer aussi rapidement sur des citoyens sans la moindre urgence
alarmante est une atteinte à la sécurité
publique. Voilà pourquoi il faut revoir l'enseignement
des techniques policières, revoir les méthodes
du recrutement et de la sélection des candidats. Ce
n'est pas tout le monde quiréussit un test questions-réponses
qui est apte à ce travail. Notre vie est entre les
mains de ces policiers.
D'ailleurs, les témoins sur les lieux nous ont indiqué
que M. Mario Hamel s'est sauvé devant la présence
des policiers. Dans cette position de fuite, comme vous pouvez
l'imaginer, Mario était de dos, ce qui écarte
la thèse de la menace.
Devant de tels constats, nous devons tous nous interroger
sur notre propre sécurité. Il y a réellement
un immense problème qui est devant nous et cela depuis
longtemps, mais personne n'ose s'y pencher sérieusement
pour le régler. C'est notre sécurité
qui est en danger. C'est simultanément grave et sérieux.
Il ne faut pas attendre que ça dégénère
davantage. C'est vrai que les itinérants n'ont personne
qui va les défendre et pleurer devant leurs tombes,
s'ils en auront une. Voilà pourquoi ça devient
notre devoir d'agir afin de prévenir de tels déraillements
catastrophiques.
La mort de M. Mario Hamel nous fait penser à la mort
injuste de M. Jean-Pierre Lizotte, un autre itinérant
battu à mort par des agents de la SPVM. Il a été,
et je pèse mes mots, sauvagement assassiné par
l'agent Giovanni Stante et pourtant, celui-ci a été
blanchi et même récompensé
Bref, nous prenons la défense de M. Mario Hamel, sinon,
qui le fera ? Mario Hamel, un individu trop facile à
atteindre, que nous arrivons à oublier plus facilement
que d'autres.
Apparemment, il demeure extrêmement facile de jeter
le blâme sur ces personnes qui vivent en marge de la
société, sans la moindre considération
de notre part.
M. Hadj Zitouni, président |