26 avril 2017
Voies de fait sur un policier et entrave au travail d’un agent de paix : c’est leur formule classique à répétition, ils n’ont pas trouvé d’autres accusations plus efficaces pour mettre les victimes dans l’embarras du système de justice et du même coup les décourager de toutes escalades de poursuites. Les juges aperçoivent à force du volume de telles accusations que la recette utilisée par les différents corps policiers et, pratiquement, le SPVM ne passe pas forcément le test devant tous les magistrats. La formule classique n’a pas mordu cette fois.
L’honorable Manon Bourbonnais, juge de la Cour municipale, n’avait pas d’autres choix que d’acquitter madame Sandra Cordero, mère de six enfants. Elle aurait pu rester chez elle ce vendredi du 1er mai 2015 et préparer des gâteaux, comme elle le faisait souvent en compagnie de ses filles ainées, mais tellement préoccupée par cette politique de l’austérité Couillard, elle a décidé de descendre manifester, comme ces milliers de personnes, et dire à haute voix qu’elle ne veule plus de cette politique qui menace une vie déjà en berne. Les travailleurs avaient ras-le-bol et madame Sandra Cordero aussi. La Marche pacifique du 1er mai 2015, Journée internationale des travailleurs témoigne d’une colère intelligente et rappelle aux décideurs qu’ils n’ont pas toujours raison. Comme des milliers de québécoises, malgré qu’elle se lève tôt tous les matins pour aller travailler, elle demeure sous le seuil de la pauvreté. Madame Sandra Cordero avait tout à fait raison de sacrifier ses gâteaux pour aller faire entendre sa voix. Elle devra être un exemple à propulsion à toutes les mères à travers le Québec.
Maintenant, cette marche du 1er mai n’a rien de violent. C’est des travailleurs, des payeurs de taxes, des contribuables, ou encore mieux, les roues sur laquelle notre société avance et progresse faisant partie de cette manifestation pacifique. Ils étaient des cortèges de familles, incluant des enfants, des personnes handicapées dans des fauteuils roulants. L’État devra ajuster les commandes en conséquence.
Selon un article publié dans le Devoir, le 11 mai 2015, on lit : « la manifestation venait juste de se mettre en branle. Sans crier gare, la police a lancé des bombes de gaz lacrymogène dans l’air, du gaz poivre et des coups de matraque ont commencé à fuser. » C’est dans cette atmosphère d’agression que madame Sandra Cordero fut arrêtée et trainée comme un linge sale sur l’asphalte. Ses lunettes de vue sont parties en éclat dans cette arrestation musclée et ses cries de détresse demandant aux policiers d’arrêter de lui tordre les bras n’ont pas été entendus. Devant des manœuvres excessives, madame Cordero n’a pas démêlé les ordres en braque par tout et en même temps, alors elle est restée figée, assise par terre quand un policier la soulevée de force et sa descente en enfer s’est déclenchée.
Finalement, devant les bavures et l’atteinte physique envers madame Cordero, les policiers n’avaient pas d’autres stratèges que celle de lui coller au dos leur formule toute prête, voies de fait sur un policier et entrave au travail d’un agent de paix.
Heureusement, ce matin, l’honorable Manon Bourbonnais, juge de la Cour municipale a rendu non pas seulement justice à madame Cordero, mais a également donné une douche froide au corps de polices du SPVM. Peut-être, il est temps de changer de formule, puisque celle-ci est trop usée.
Vous savez, nous devrons, tous, remercier madame Cordero pour tout ce qu’elle a enduré dans cette histoire qui aurait pu être la nôtre.