Le 27 juin, anniversaire ou consternation!
Le 27 juin 2017, nous nous rappelons tous de monsieur Pierre Coriolan, un homme de race noir abattu par balles devant la porte de son domicile par des agents de la SPVM. Cette mort immortalisée sort de l’ordinaire par le fait d’avoir été filmée à l’insu des policiers qui ont mené cette intervention policière. Une intervention jugée choquante et disproportionnée; il faut le dire : elle est totalement inadmissible. En effet, les coups de feu mortels n’ont pas suffi, les policiers ont eu recours à un excès de brutalité inhumaine… Rouant de coups télescopiques, violents une victime menottée qui vivait ses derniers instants de vie, n’est-elle pas une honte?
On parle ici d’une violence extrême où le Code de déontologie policière est mis à l’écart. Un policier d’expérience qui a requis l’anonymat me disait « Sous l’effet de l’adrénaline, un policier en action peut commettre des erreurs impardonnables ». Toutefois, celui-ci n’avait pas l’air totalement de saisir le poids d’une telle bavure; la mort injuste d’un homme. Aussi, nous vous invitons à lire notre article précédent, intitulé : Une vidéo clandestine embarrasse le BEI, posté sur les réseaux sociaux et en particulier sur note site le 28 février 2018.
Dans cette vidéo clandestine qui a vu le jour quelques mois après la mort de monsieur Pierre Coriolan, nous pouvons suivre, même au ralenti si on le souhaite, les derniers instants de la vie de cette victime. Tout est là! La mort de cet individu est conservée à la perfection… Les images n’ont rien laissé au hasard. Les versions des policiers mises en cause se sont effondrées, ils ne tenaient plus la route du mensonge. Voilà que le doute est entièrement levé. Il ne reste finalement au bureau des enquêtes indépendantes que de formuler la conclusion.
Or, c’est une conclusion qui refuse de venir. Un an après l’incident, jour par jour et le silence du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) devient insupportable. Selon nous, ce n’est pas l’épreuve devant laquelle le BEI est exposé qui fait défaut, mais plutôt la transgression de la règle de l’impunité policière qui pose problème. C’est l’image du système au Québec et dans d’autres pays également qui ne veulent pas voir en face la signification réelle de la suprématie des droits. L’égalité et le respect des droits sont des principes centraux de la démocratie, sinon c’est l’anarchie qui prend le devant. Le devoir de la citoyenne et du citoyen, c’est celui, justement, de rappeler à l’ordre le gouvernement quand il fait fausse route. Devant cette ligne, nous n’y sommes pas loin !
Ici, nous vivons deux dates cruciales : Le 27 juin 2016, date d’entrée en fonction du bureau des enquêtes indépendantes au Québec et le 27 juin 2017, l’anniversaire de la mort de monsieur Pierre Coriolan, homme de race noir exécuté d’une manière brutale par des agents de la SPVM. Deux dates qui coïncident par un jeu de hasard. Cette synchronie a-t-elle un impact sur la suite des choses? Nous ne pouvons pas vous répondre.
Encore, y a-t-il, ici, un rapport de cause à effet? Ici, non plus, nous ne pouvons pas vous répondre. Cependant, il y a sérieusement de quoi s’interroger. Il reste que l’usure du temps et la lenteur des enquêtes, dites, indépendantes devant de telles évidences, nous révoltent aux plus hauts degrés. Dans une injustice semblable, jouer sur le facteur du temps en guise d’apaiser les esprits n’est pas la meilleure stratégie du monde.
Hadj Zitouni, président